Bâtiment : Les couvertures en Ardoises

Lorsque le bois était rare ou qu’il ne se prêtait pas à un usage de matériau de couverture, la pierre pour autant qu’elle ait été abondante et facile à mettre en oeuvre – a largement été utilisée sur les toits. Ces toitures avaient l’avantage d’être incombustibles et d’avoir une grande longévité.

C’est surtout la nature des bancs rocheux qui déterminait le type d’élément de couverture: dalle informe, plaque épaisse plus ou moins régulière, tuile de pierre de forme quadrangulaire ou en écaille. Avant tout, le schiste et le calcaire, mais aussi la phonolithe volcanique, le grès et même le granit ont, selon les régions, contribué à couvrir le toit des maisons de façon rustique ou élaborée. On utilise le plus souvent le terme lauze (avec ses variantes régionales) pour désigner ces éléments de couverture en pierre dont les cou – leurs varient selon les carrières d’où elles sont issues.

Les couvertures en dalles

Après ébauchage au sortir de la carrière, les dalles étaient simplement posées, avec des recouvrements irréguliers, sur un voligeage de planches non jointives clouées sur les pannes de la charpente. L’épaisseur des dalles est généralement importante (jusqu’à 4 cm). N’étant pas fixées, elles nécessitent des toitures de faible pente pour éviter de glisser. Le traitement du faîtage est généralement assuré par des dalles de même nature alourdies par des blocs rocheux.

Les couvertures en plaquettes ébauchées

Dans d’autres cas, la pierre a été débitée en plaquettes de forme et d ‘épaisseur à peu près régulières, elles aussi simplement p osées sans aucune fixation. Selon l es régions, elles reposent sur un lit de dalles recouvrant un voligeage non jointif fixé à la char pente (Bourgogne, Franche-Comté) ou bien sont insérées, en tas de charge, entre les éléments d’un lattis de forte section avec une pente de toit de l’ ordre de 55° (Périgord, Quercy). Si dans le premier cas, le poids, considérable , de la couverture est porté par la charpente, toujours robuste, dans l’autre, la charpente est sommaire, le poids du toit étant directe ment porté par les murs.

Les couvertures en tuiles de pierres régulières fixées

Le toit est ici couvert de tuiles de pierre taillées régulièrement, avec un pureau biseauté, et autrefois fixées à l’aide de chevilles de bois sur un voligeage jointif des éléments d’un rang sur l’autre est habituellement des deux tiers. Cette fixation permet de résoudre le problème du glissement des lauzes en cas de forte pente du toit ou de leur envol en cas de vent violent. Les pierres du toit reposent parfois sur un lit de glaise (c’est le cas des « platins » en schiste du Cotentin en Normandie, par exemple) . Elles sont toujours de taille décroissante en allant de l’égout jusqu’au faîtage . Dans certaines régions (Auvergne, Languedoc, Rouergue), les lauzes peuvent être taillées en forme d’écailles. Le traitement du faîtage « en lignolet » est très fréquent.

Les couvertures en ardoise

De manière générale, on peut assimiler à la technique de la lauze les couvertures en ardoise épaisse et irrégulière qui ont prévalu dans de nombreuses régions avant l’introduction de l’ardoise fine industrielle fixée au crochet.

Débitées dans les carrières de schiste ardoisier et fendues à la main, les ardoises anciennes étaient recherchées pour leur longévité. Des régions comme l’Anjou, la Bretagne, la Champagne ardennaise, la Normandie, le Limousin, la Savoie, le Béarn, les Pyrénées orientales montrent encore de nombreuses couvertures en « ardoises de pays » fixées à l’aide de chevilles de bois ou clouées sur un voligeage.

Le recouvrement d’un rang sur l’autre est des deux tiers, la pose se faisant toujours à joints croisés. Le traitement du faîtage avec simple ou double lignolet, les arêtiers à joints vifs, le raccordement en noues arrondies des versants de toiture (par exemple faîtage d’une lucarne avec le versant du toit) montrent la parfaite maîtrise du matériau et des techniques de pose que possédaient les couvreurs. La pose à pureau dégressif (une taille décroissante des ardoises et un recouvrement de plus en plus important depuis l’égout jusqu’au faîtage) est un autre aspect de ce savoir-faire. Les pratiques locales ainsi que la grande variété des schistes mis en oeuvre, introduisent des différences de couleur, de forme d’ardoise et d’allure des toits perceptibles sur de petits territoires ou sur des régions entières.

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