L’aspect irrégulier d’une vieille toiture de tuiles n’est pas synonyme d’une dégradation majeure obligeant à une intervention en profondeur. Dans la plupart des cas, on n ‘intervient que ponctuellement pour remplacer une tuile cassée ou replacer une autre qui a glissé.
Il est toutefois importiant de vérifier périodiquement l’état des liteaux ou des voliges servant de support aux tuiles, car, même si ces dernières sont restées saines, toute dégradation des bois qui les portent obligera à un remaniage de la couverture. On profitera de la dépose pour trier les tuiles et ne conserver que celles en parfait état. Se posera alors le problème de l’ acquisition de tuiles neuves qui ne reproduiront pas toujours exactement le modèle initial et dont la couleur les distinguera des tuiles anciennes.
Restaurer un toit de tuiles plates
Pour sauvegarder la souplesse de la toiture originelle, les anciens liteaux seront remplacés par des bois de longueur égale. On veillera, pour les mêmes raisons, au maintien de l’ancien chevronnage dont l’irrégularité sera le garant de la non- rectitude de la toiture. La pose de tuiles plates munies d’un mentonnet ou d ‘un ergot ne présente pas en elle-même de difficulté particulière pour un couvreur tant qu’il s’agit de garnir des pans de toiture. Mais c’est le traitement de l’égout du toit, des rives, du raccordement des versants de lucarne, des arêtiers, du faîtage qui exigera de lui un vrai savoir, pour ne pas gommer les particularités régionales qui font toute la différence entre toitures de la tradition et toitures « rénovées ».
Les tuiles sont posées à joints croisés, avec un pureau représentant le tiers de leur longueur. Pour retrouver l’alignement, les tuiles de rive doivent être coupées dans leur largeur. Selon les cas de figure, on les appuie sur le chevron de rive avec un léger débordement ou on les unit (avec dévers) au rampant du pignon en les noyant dans un solin de chaux hydraulique naturelle ou de plâtre. L’égout du toit sera traité de manière traditionnelle, avec double ou triple épaisseur de rangs de tuiles appuyées, en avant du chevronnage, sur le couronnement du mur (ou sur la corniche s’il en existe). S’il s’agit d’une pratique locale, on pourra noyer ces tuiles dans un mortier de chaux ou de plâtre.
La reprise de la couverture permettra par ailleurs, d’ envisager la pose d’un film d’étanchéité à l’eau sur les chevrons, avec contre-liteaux pour assurer l’aération. Des tuiles châtières ponctuant le toit faciliteront la ventilation sous la couverture.
Restaurer un toit de tuiles rondes
La non-fixation des tuiles rondes entraîne fréquemment leur glissement et éventuellement leur bris lorsqu’elles sont déplacées par le vent. La faible pente obligatoire des toits qui les portent les rend , par ailleurs, plus sujettes à être colonisées par les mousses ou des débris divers, que les tuiles plates lavées par un ruissellement plus actif. On aura compris que l’entretien d’un toit de tuiles rondes doit être constant. Tout élément déplacé sera immédiatement remis en place et toute tuile brisée remplacée par une neuve. On se rapprochera, là encore, des tuileries artisanales ou l’on cherchera chez les fabricants industriels les modèles les plus adaptés aux tuiles présentes sur le toit.
Quand le mauvais état du support oblige à déposer la couverture, on sera peut- être amené à reconsidérer la nature de celui- ci. En effet, s’il est simple de reprendre un chevronnage ou un voligeage (en évitant toutefois rigidité et rectitude des bois) , il sera plus délicat de reconstituer un support fait de grands carreaux de terre cuite (les « malons » de couvert) communs dans certaines régions méridionales. Un soin particulier sera apporté au traitement des rives du toit. Dans les cas les plus simples, la couverture s’arrête sur une rangée de tuiles de courant ou de tuiles de couvrant maçonnée sur le rampant. Plus délicate sera la réfection d’une rive dont les tuiles (de couvrant ou de courant) viennent s’ancrer dans la maçonnerie du pignon. Pour le sommet du toit, on respectera le positionnement des tuiles faîtières dans le sens du vent dominant.