Le différents types de sols intérieurs

Le traitement des sols intérieurs de la maison traditionnelle a pour objet d’offrir aux habitants une surface plane, saine, d’entretien facile et ce dans le même contexte d’économie de moyens et de recours aux ressources naturelles locales que celui déjà évoqué à propos des murs et du toit. Seule l’aisance ou encore le développement des techniques industrielles de production a pu modifier cette vision des choses.

Dans cette perspective, les matériaux bruts ou sommairement préparés: la terre, le bois, la pierre, ont eu longtemps la primeur. L’utilisation de la terre cuite ne s’est manifestée que tardivement pour les populations les plus modestes. Elle était généralement liée à la proximité de briqueteries ou de tuileries artisanales.

Les sols en terre crue

Ils se présentent sous deux formes de mise en oeuvre rudimentaire, l’une utilisée pour les sols de rez-de-chaussée, l’autre pour les sols d’étage. Dans le premier cas, il s’agit de la terre battue, technique autrefois très répandue car facile et peu coûteuse. Sur le sol naturel de la maison , on damait, au pied et au pilon, de la terre argileuse jusqu’à lui donner une planéité et une dureté suffisantes pour résister aux passages répétés et aux chocs.

Ces sols, aujourd’hui disparus, participaient à la respiration naturelle de la maison et offraient un confort thermique intéressant. Dans le deuxième cas, la technique du sol en quenouilles. réservée aux sols d ‘étage, consistait à disposer sur les solives du plancher un alignement de barreaux (dits aussi « fusées ») en châtaignier enrobés de torchis quel’ on recouvrait dans un deuxième temps d’une épaisse couche d’argile.

La sous-face entre les solives était elle-même enduite de terre argileuse. De tels sols, très communs dans l’ouest de la France, disparaissent souvent sous un carrelage qui en fait oublier la présence. Longs à réaliser, ils offraient une très bonne isolation thermique et phonique et gardaient une souplesse qui les faisait s’adapter aux mouvements du bâtiment.

Les sols en bois

Pour le confort qu’il assurait, pour sa résistance à l’usure, pour le fait qu’il était un écran efficace contre l’humidité du sol, le plancher en bois (de chêne ou de châtaignier ou encore de pin de montagne), a été utilisé dans les habitations d’un grand nombre de régions françaises.

Dans les cas les plus frustes, des planches de bois longues, larges, épaisses et irrégulières étaient clouées sur des lambourdes directement posées sur le sol naturel. Ce principe pouvait se retrouver à l’étage, les planches étant clouées sur les solives et laissant passer air et poussières à travers les interstices.

Pour éviter ce désagrément et pour obtenir une bonne isolation entre niveau haut (servant souvent de grenier) et niveau bas, on étalait dans certains cas une épaisse couche de terre sur ce plancher sommaire, le tout étant éventuellement recouvert d’un carrelage. Seules les maisons les plus riches disposaient de véritables parquets où les planches de forme régulière étaient assemblées par rainures et languettes. Ces parquets reposaient alors sur des lambourdes portées par les solives.

Les sols en pierre

L’usage de la pierre pour les sols intérieurs s’est souvent limité au pourtour de la cheminée, pour des raisons de résistance aux chocs (préparation des bûches) et de sécurité. Mais des dalles de grande dimension (jusqu’à plus de 1 cm), irrégulières et épaisses de 10 cm ou plus, on t pu couvrir la totalité des sols de rez-de-chaussée . Le matériau, schiste, grès, granit était tiré des carrières locales. À peine ébauchées, les dalles disparates étaient disposées, avec de larges joints, sur un lit de glaise ou sur un sol de terre battue.

Dans le meilleur des cas, elles étaient scellées sur un lit de mortier de chaux. Un cas particulier de matériau brut est donné par les galets bloqués dans un lit d’argile ou de chaux qui couvrent encore les sols d’entrées de certaines maisons basques et béarnaises.

Lorsque le matériau s ‘y prêtait (grès, calcaire ou pierre volcanique), ou que l’ on acceptait le surcoût de l’opération, les sols de pierre étaient constitués d’éléments moins épais, taillés régulièrement et ajustés presque sans joints sur une base de mortier de chaux.

Les sols en terre cuite

La terre cuite était incomparablement plus chère que les autres matériaux de sol et sa résistance aux chocs moindre que celle de la plupart d’entre eux. Elle présentait, en revanche , l’avantage d’une pose aisée et d’un entretien facile. Deux types d’éléments ont été utilisés dans le bâti traditionnel : la brique et le carreau.

Les briques surcuites issues des fours artisanaux ont fréquemment été employées pour leur résistance à l’usure sur les sols de rez -de-chaussée des fermes tant en Auvergne qu’en Bourgogne ou en Flandre par exemple. Elles étaient posées de chant directement sur le sol, le plus souvent sans scellement ni rejointoiement. Plus fragiles, mais beaucoup plus légers, les carreaux de terre cuite ont été bien plus utilisés que la brique. Avec différentes formes et tailles, offrant des couleurs très différenciées selon les lieux, ils recouvrent autant les sols des rez-de-chaussée que ceux des étages. Épais de 1 à 2 centimètres, ils étaient posés su r un bain de mortier de chaux ou de plâtre, voire un simple mortier de terre.