L’histoire de la couverture végétale du bâtiment

Aussi ancien que l’humanité elle-même, l’usage des végétaux pour couvrir son toit se présente dans la construction traditionnelle avec de multiples variantes de préparation et de mise en oeuvre frustes ou très élaborées.

C’est avant tout l’abondance du végétal, sous toutes ses formes (feuilles d’arbres, tiges de plantes sauvages, pailles de céréales) et, par là même, son faible coût, qui en expliquent la présence dans un grand nombre de régions françaises jusqu’à la fin du XIXe siècle. Mais, outre leur côté économique, les couvertures végétales présentaient d’autres avantages : faible poids et donc charpentes rudimentaires, facilité de mise en oeuvre, bonne aération des espaces sous toiture, longévité appréciable.

Si certains types de couvertures (notamment la bruyère et le genêt) sont devenus rares ou se retrouvent sur des annexes agricoles et des abris des champs, d’autres marquent encore notablement les paysages bâtis. Il en est ainsi des toits de chaume et des toits de roseau.

Les toits de chaume

Le pain ayant été longtemps la nourriture de base des populations rurales, les céréales étaient autrefois cultivées partout où cela était possible, c’est-à-dire sur la quasi-totalité du territoire . Moissonnés à la main, blé et seigle étaient battus pour en faire tomber le grain, et la paille stockée pour couvrir les toits. Nouées en bottes, les tiges étaient « cousues » aux liteaux à l’aide de liens végétaux passés dans une aiguille, les épis étant toujours à l’intérieur de la toiture, la base à l’extérieur.

La surface du toit était ensuite égalisée à l’aide d’un battoir mettant les pailles au même niveau . Le recouvrement des pailles d’un rang sur l’autre donne à ces toits une épaisseur pouvant aller jusqu’à 50 cm. Pour assurer l’étanchéité du faîtage, on faisait appel, sel on les régions, à des traitements particuliers les plus courants consistant en un chapeau de paille coiffant le haut du toit ou en un solin de terre planté d’espèces végétales. Dans tous les cas de figure, la paille craignant avant tout l’humidité stagnante, la pente des toits de chaume est toujours très forte pour évacuer tout de suite les eaux de pluie. Pour empêcher l’envol de ces toits très légers, les pignons des maisons couvertes de chaume étaient fréquemment « dépassants ». Dans d’autres cas, c’est l’enveloppement en continu du bâtiment par le toit de paille qui donnait à ce dernier sa résistance au vent.

Les toits de roseau

Si le chaume procède d’une culture céréalière, le roseau provient d ‘une cueillette de plantes aquatiques poussant spontanément dans les marais et en bordure des cours d’eau. Cueillis après l’hiver, une fois les cannes débarrassées de leurs feuilles, les roseaux étaient mis à sécher puis stockés en meules (les mulons).

On faisait le choix de roseaux ou de joncs de faible circonférence pour donner une meilleure résistance à la couverture. La mise en oeuvre s’effectuait de la même manière que pour le chaume, avec des pentes de toit équivalentes. Le faîtage était colmaté à la glaise. Compte tenu du faible poids de ce type de matériau et pour éviter son envol par grand vent, on confortait la couverture dans les régions littorales . En Grande-Brière et en Vendée, ce sont des perches, fixées à la charpente à travers la couverture, qui jouaient ce rôle. En Camargue, faîtage, rives et égout du toit (voire une partie des versants) étaient enduits d’un épais solin de chaux grasse pour lutter contre le mistral.

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