Bâtiment : Les couvertures en terre cuite

Ne s’agissant plus d’un matériau naturel issu d’une collecte sur le terrain ou d’une extraction en carrière, la tuile de terre cuite a, dans un premier temps, concerné l’habitat des populations les plus aisées, susceptibles d’acheter un produit manufacturé coûteux.

Apparue en France avec la conquête romaine, puis oubliée pendant la période d’obscurantisme qui a marqué la chute de l’Empire romain, la tuile de terre cuite ne commence à s’imposer véritablement qu’à partir des XIe , XLIe siècles. Mais son usage parmi les populations rurales modestes s’est généralisé parfois très tardivement, compte tenu de la concurrence que lui faisaient les couvertures végétales et minérales. Trois types de tuile se rencontrent sur les toitures : la tuile ronde et la tuile plate (avec leurs nombreuses variantes) et la « panne » flamande. Les territoires concernés ne sont pas toujours bien délimités et les toitures faisant appel à plusieurs types de tuile sont fréquentes.

Les couvertures en tuiles rondes

On parle aussi de tuile creuse ou encore de tuile canal. Le module de base est un trapèze, de dimension variable selon les régions, arrondi sur un moule et cuit au four artisanal. Le principe de pose consiste à disposer sur la toiture un premier lit de tuiles qui présentent leur creux au ciel et dont le petit côté regarde l’égout du toit : c’est le lit de courant qui permet l’évacuation de l’eau de pluie.

Le deuxième lit est fait de tuiles identiques, mais qui présentent leur dos au ciel, le petit côté regardant le faîtage : c’est le lit de couvrant qui fait l’étanchéité de la couverture . Les tuiles de courant sont posées sur plusieurs types de supports : chevrons de section triangulaire, voligeage non jointif, carreaux de terre cuite maçonnés. En l’absence de fixation des tuiles, ce type de couverture exige une pente de toit faible (25 à 30°) ce qui le cantonne, en principe, à des régions à faibles précipitations et surtout sans neige.

Pour la même raison, les couvertures de tuile ronde sont sensibles au vent violent, ce qui oblige à surcharger les toits avec des pierres ou à en maçonner au mortier de chaux les endroits les plus fragiles (égout, faîtage, rives). Une variante de la tuile ronde « classique » existe localement en Champagne, Lorraine et Corse : c ‘est la « tuile romaine » directement inspirée de celle introduite par les Romains, où la tuile de courant est un trapèze plat aux bords relevés, alors que la tuile de couvrant garde sa forme arrondie.

Les couvertures en tuiles plates

À l’inverse de la précédente, c’est une tuile accrochée à un lattis qui p eut s’accommoder des pentes de toit les plus fortes. Un modèle courant, qui connaît des variantes locales, a la forme d’un rectangle légèrement galbé avec des bords droits. L’extrémité recourbée de la tuile permet de l’accrocher au lattis; dans d’autres cas c’est un ergot sous la tuile qui donne l’accroche. Un autre modèle de tuile plate présente un bord arrondi en écaille.

Dans la majorité des cas, la pose s ‘effectue avec un recouvrement des d eux tiers et le croisement des joints. En Alsace et en Lorraine cependant, les tuiles « queues de castor » sont parfois posées avec joints continus, des languettes de bois placées sous ces derniers donnant son étanchéité à la toiture. L’égout des toits de tuiles plates présente traditionnelle ment une double, voire une triple, épaisseur de tuiles dont les premières sont généralement clouées sur le lattis ou scellées sur le couronnement du mur de façade. Dans le cas de toits à quatre pans, les arêtiers se raccordent « en tranchis » ou bien sont chapeautés par un rang de tuiles rondes maçonnées au mortier de chaux. Ces deux techniques sont également utilisées pour le faîtage des toits .

Les couvertures en panne flamande

On l’appelle aussi tuile « en S » à cause du profil (asymétrique) qu’elle offre. Sorte de compromis entre tuile ronde et tuile plate et avant-goût de la tuile à emboîtement qui apparaîtra au XIX » siècle, la panne est inventée en Flandre au XIVe siècle et s’est ensuite répandue jusqu’en pays de Caux en Normandie et se retrouve aussi en Alsace. Munie d’un ergot sur sa face postérieure, elle s’accroche à un lattis qui lui permet d’accepter des pentes de toit fortes.

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